Pour s’émanciper de l’islam radical, il faut des mentors

« À nous de nous ériger contre la radicalisation qui ternit l’islam et prive la France de tout un vivier de forces compétentes », affirme l’avocat Ardavan Amir-Aslani dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France.

Cela fait plus de 25 ans que j’exerce mon métier d’avocat d’affaires. Passionné par mon métier, j’ai toujours considéré que la rigueur et le respect étaient les clés de l’expertise et de l’excellence. Aujourd’hui, à 54 ans, j’ai parfois la surprise d’être aimablement arrêté dans la rue par des Français issus de l’immigration dont la famille est venue du Maghreb ou d’autres pays de culture musulmane pour s’installer en France.

Cette notoriété soudaine m’a été apportée par l’ affaire Hallyday, dans laquelle je représente la veuve du chanteur décédé en 2017. Ce qui les intéresse, je crois, est une idée assez simple et peut-être séduisante à leurs yeux : l’idée qu’une personne issue de l’immigration et de culture musulmane, arrivée en France à l’âge de 14 ans sans parler un mot de français, ait réussi à « s’en sortir ».

Bien que d’une culture différente de celle des pays arabes, dans leur esprit, notre bain culturel d’origine est le même. Et nous vivons aujourd’hui dans le même pays, la France, qui m’a donné ma chance, et la donne à chacun, pour peu que l’on ait l’envie de réussir, et l’aide nécessaire.

Je constate depuis plusieurs années que lorsqu’on est issu de l’immigration et que l’on souhaite avoir un métier à responsabilités, qu’il soit dans la sphère privée ou publique, un plafond de verre semble rapidement atteint. Sur la scène politique française d’aujourd’hui, on trouve très peu de Français issus de l’immigration. Comment expliquer que les membres de la première communauté de France accèdent si peu à des hauts postes ?

Dans un pays occidental moderne comme la France, le fait qu’une communauté de 10 à 15 millions de personnes reste en grande majorité prisonnière d’une religion aux principes rétrogrades, notamment sur la place de la femme dans la société, pose un réel problème de société, tant au niveau individuel que collectif. Il n’est plus tolérable que la première communauté de France s’enfonce dans ce que l’islam peut offrir de plus obscurantiste.

Entre autres facteurs qui peuvent expliquer cette stagnation, je crois fermement que l’absence totale de role-models, de mentors, pouvant ériger leur expérience en exemple à suivre, est une des explications possibles. Pourtant, les personnalités aux parcours exemplaires issues de la première communauté de France existent. Imprégnées de culture française, passées parfois par les plus grandes écoles, elles n’en oublient pas pour autant leur culture d’origine. Elles ont un regard critique sur l’Islam et la radicalisation islamiste en France, que leur double culture leur permet d’avoir.

Je crois donc fermement que la solution qui permettra de résoudre le problème de l’islam radical en France passe en priorité par l’ émancipation des femmes. Tout au long de ma carrière, j’ai soutenu des femmes issues de l’immigration qui, de secrétaires juridiques, sont devenues avocates ou cadres dans de grands groupes. Elles sont la preuve qu’il n’y a pas de fatalité.

Elles sont motivées pour sortir du carcan de la religion et des traditions. Elles aspirent à la liberté, et la liberté passe par les études et la maîtrise de leurs sources de revenus. Il est d’autant plus important de leur faire confiance et de les aider sur ce chemin que demain, si elles souhaitent fonder une famille, elles enseigneront ces principes à leurs enfants.

Ce qui a fait la différence dans leur parcours, ce fut un soutien, un mentor. À nous, personnalités issues de l’immigration, qui avons réussi à faire face à l’adversité grâce à notre volonté et grâce à la liberté permise par la société française, d’aider le plus grand nombre de femmes en ce sens. À nous de nous ériger contre la radicalisation et l’obscurantisme qui ternit l’islam, et qui in fine prive la France de tout un vivier de forces compétentes, prometteuses et enthousiastes.

Par Ardavan Amir-Aslani. 

Paru dans Le Parisien

 

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