Après Rome, Hassan Rohani fait escale les mercredi 27 et jeudi 28 janvier à Paris. C’est la première fois qu’un président iranien passe par la capitale depuis 1999. L’avocat d’affaires, Maître Ardavan Amir-Aslani, très bon connaisseur de l’Iran et auteur de plusieurs ouvrages sur le Moyen Orient, expose les enjeux de cette visite pour notre business avec la Perse.
Capital : L’Iran est-il en passe de redevenir un pays comme un autre ?
Me Ardavan Amir-Aslani : Les choses vont dans le bon sens puisque la plupart des sanctions économiques imposées à l’Iran ont été levées suite à la signature, en juillet dernier, de l’accord sur le programme nucléaire iranien. L’Iran revient ainsi sur la scène internationale avec un atout majeur : c’est l’un des rares pays stables de la région. Pour autant, il ne faut pas occulter que c’est un pays où l’on peut attaquer une ambassade, où les religieux continuent d’occuper le devant de la scène, où une partie non négligeable de la population reste très hostile aux Etats-Unis même si les plus jeunes ont envie de modernité et de consommation, enfin qui pratique des pendaisons publiques.
Capital : Le climat redevient-il favorable aux affaires ?
Me Ardavan Amir-Aslani : Les fondamentaux sont assez bons. L’Iran est un marché de 80 millions de personnes, avec une population largement éduquée. Le pays détient les quatrièmes réserves mondiales de pétrole, affiche une croissance depuis deux ans et dispose d’avoirs importants, plusieurs dizaines de milliards de dollars, qui vont être débloqués avec la fin des sanctions. Sous la houlette de Rohani, qui est un pragmatique, l’Iran veut s’ouvrir au business. Il existe d’ailleurs des lois qui protègent l’investissement étranger et permettent – sur le papier – de rapatrier les dividendes. Il indéniable que c’est le moment de s’intéresser à ce marché.
Capital : Quels sont les secteurs où les Français pourraient jouer un rôle clé ?
Me Ardavan Amir-Aslani : On parle de très grosses commandes pour Airbus. Il y aussi des possibilités dans le secteur automobile pour Renault et PSA, et dans les infrastructures pour Aéroports de Paris, Vinci et Veolia. Evidemment, il y a beaucoup de business à faire dans le secteur minier et pétrolier où d’énormes investissements sont prévus. Le volume d’affaires avec Téhéran, qui est aujourd’hui à peine supérieur à 1 milliard de dollar, pourrait retrouver assez rapidement le niveau d’il y a dix ans, c’est à dire aux alentours de puis aller bien au-delà.
Capital : Quelles précautions faut-il prendre quand on se lance en Iran ?
Me Ardavan Amir-Aslani : C’est un marché complexe. Il n’y pas d’expert comptable et pas d’intelligence économique, d’où la difficulté de se faire une idée sur la fiabilité des partenaires locaux. C’est aussi un pays ultra bureaucratique et corrompu. Par ailleurs, les banques occidentales hésiteront sans doute à s’installer à Téhéran tant que la position des Etats-Unis ne sera pas complètement clarifiée. Tout le monde garde en mémoire l’énorme amende infligée à BNP Paribas par les autorités américaine sous prétexte que la banque n’avait pas respecté l’embargo.
Propos recueillis par Eric Wattez
L’article est disponible sur le site internet Capital.